Wharton Esherick

1887-1970, 

États-Unis

Wharton Esherick est un designer américain reconnu comme le père de l’American Craft Studio : ce mouvement se caractérise par un refus de la production industrielle alors en vogue, et loue le travail de la main sublimant le bois. Avec son approche intuitive, il défie les formes traditionnelles du mobilier et initie un nouvel élan, suivi par un petit groupe de créateurs aux premiers rangs desquels Sam Maloof (1916-2009), Phillip Lloyd Powell (1919-2008) et George Nakashima (1905-1990).

Des Beaux-Arts au Design

La formation de Wharton Esherick se situe du côté de l’illustration, non du mobilier. Il suit tout d’abord des cours de dessin et de gravure à la Philadelphia School of Industrial Arts (aujourd’hui University of the Arts) avant des études consacrées à la peinture, pendant deux ans, à la Pennsylvania Academy of Fine Arts. Parti, il commence une carrière d’illustrateur et de peintre, sans grande conviction : « j’étais un bon dessinateur qui ne savait pas penser. »
Alors qu’il commence à sculpter le bois des cadres de ses œuvres, sa pratique change : il se consacre alors à la sculpture. Ses œuvres rentrent dans les grandes collections américaines comme celle du Whitney Museum of American Art de New York. De façon concomitante, il crée du mobilier et crée son studio sur sa propriété, une vielle ferme de 1839 à Paoli (Pennsylvanie), gardée par un grand cerisier. Son entourage le presse de ne se consacrer qu’à cette dernière pratique : à la fin des années 1920, sa décision est prise.
Suiveur des Arts & Crafts anglais et admirateur de Frank Lloyd Wright (1867-1959), il défend le travail artisanal et croit en l’influence d’un environnement sur une création. Il conçoit son studio avec des matières locales, des pierres et du bois, et ne cesse de le faire évoluer sa vie durant : sa chapelle sixtine ou il donne vie à ses créations uniques. 

Le père de l’American Craft Studio

« Je commence à façonner au fur et à mesure. La pièce pousse juste sous mes mains. »
Il est plus souvent qualifié de sculpteur qu’ébéniste. Mais telle est sa force. Alors que les États-Unis entrent dans une ère d’industrialisation massive, il fait un pas de côté : il est le premier à sentir le bois, sélectionner chaque pièce pour ses formes, ses défauts et ses grains. Son studio et sa maison sont des fantaisies bien réelles : du sofa aux tiroirs en passant par l’iconique escalier en colimaçon, chaque recoin est recouvert de bois façonné par l’artiste.
Bien qu’inspiré des formes de la nature, son mobilier reste fonctionnel et confortable, composantes essentielles pour le designer. Proche du matériau, il s’entoure d’une équipe réduite d’assistants – citons à titre d’exemple les noms de John Schmidt, Bill McIntyre, Horace Hartshaw. La fabrication est maitrisée, controlée, respectueuse.
L’environnement est primordial à plusieurs niveaux pour Wharton Esherick : il choisit tout d’abord ses bois parmi les essences locales de Pennsylvanie ; à chaque commande, il visite le lieu de destination pour comprendre les attentes de sa clientèle, les voir vivre et finit par dessiner sur place, marquant sa relation privilégiée et sensible aux personnes et à leur style de vie. La notoriété de ses commanditaires est éloquente, comme en attestent les noms de Fischer et de Seiver. 

Wharton Esherick est un véritable sculpteur du bois : des formes simples de ses débuts à son expressionnisme abstrait personnel en passant par une phase cubiste, chacune de ses œuvres est unique. D’une facture impeccable, signée à la façon d’un Thomas Chippendale (1718-1779), son œuvre est reconnue dans le monde entier et fait parti de collections muséales importantes, comme celle du Metropolitan Museum of Art (MET) de New York.

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