1910-1964,
France
Georges Jouve est un céramiste français de premier plan. Véritable poète de la céramique, son art est foisonnant : jouant avec les lignes, les glaçures et les couleurs, sa grande dextérité se voit autant dans ses pièces de formes utilitaires comme les vases Rouleau que dans ses pièces plus sculpturales comme les toupies.
Formé à la sculpture à l’école Boulle (Paris, France) – où il reçoit le surnom d’Apollon -, il débute sa carrière avant que n’éclate la Seconde Guerre Mondiale : à cette époque, il se concentre sur la décoration murale et des réalisations destinées à l’architecture. Tour à tour captif puis caché pendant la guerre, ce n’est qu’à son terme que Georges Jouve et sa femme Jacqueline regagnent Paris. Il y installe sont atelier dans le 14e arrondissement et se consacre uniquement la céramique : il décide d’orienter sa production vers des pièces de formes, créant un véritable langage à l’aide du gré. Virtuose, il se distingue par sa dextérité et ne fait aucune différence entre l’usage et la décoration, l’utilité et la beauté, tutoyant de façon lointaine une certaine philosophie japonaise.
Son œuvre exemplaire, foisonnante et éclectique lui vaut une grande renommée. Il participe à de nombreuses expositions et salons, notamment à l’étranger (Birmingham, 1947 ; Copenhague, 1950), pour faire connaître la céramique contemporaine à l’étranger, notamment sur invitation de Jacques Adnet (1900-1984), alors directeur de la Compagnie des Arts Français.
Il est représenté par la galerie la plus en vue de Paris, dans le quartier de Saint-Germain-des-Près, dès les années 1950, Steph Simon, qui défend ses vases Rouleau.
La production de Georges Jouve est plurielle : œuvres figuratives, pièces zoomorphes, sculptures abstraites, son expression est organique et sensuelle. Il tire progressivement l’essence même de la matière pour aboutir à des formes simples aux volumes parfaitement maitrisés, semblables à des apparitions. Il apporte un soin particulier aux matières et aux finitions dans une approche sensitive de la céramique : des unis chatoyants, des craquelures rythmantes, il ne se limite pas. Son ami céramiste Norbert Pierlot (1919-1979) disait ainsi de son acolyte qu’il « en était arrivé à pouvoir contrôler pratiquement les fines craquelures, à préjuger de leur figure géométrique. […] Ses tours de force essoufflaient ses suiveurs. Comme ce grand peintre, il était déjà ailleurs quand ses imitateurs en étaient là. » Si ses formes sont iconiques – bouteille, banane, boule, pomme, etc. -, ses couleurs sont tout aussi légendaires : noirs mats, blancs nuancés, oranges pops, rouges profonds, verts vibrants, sa palette est infinie.
Atteint de saturnisme à cause de certains émaux au plomb qu’il employait, il s’était installé dans le sud, aux Marronniers, dès 1954, et meurt jeune, à l’âge de 54 ans. Son bestiaire est aujourd’hui iconique et il reste l’un des céramistes les plus importants de l’Après-Guerre, d’un modernisme poétique éclatant.