1919-2008,
États-Unis
Phillip Lloyd Powell est un designer dont la sensibilité est proche de l’American Craft Studio. Né en Pennsylvanie, terre des représentants du mouvement comme l’atteste la présence de Wharton Esherick (1887-1970) et de George Nakashima (1905-1990), la nature omniprésente dans laquelle il baigne depuis son enfance l’inspire toute sa vie durant pour créer du mobilier en bois.
Malgré des études d’ingénieur au Drexel Institute of Technology, sa passion se situe ailleurs. En effet, dès l’enfance il se montre remarquablement doué pour le travail du bois et réalise des meubles pour sa famille et ses ami·e·s. Malgré une absence de formation, sa dextérité et son talent sont évidents : jamais il ne se formera au métier de designer, mais en est un grand.
Son engagement dans l’armée pendant la Seconde Guerre Mondiale ralentit son projet. Ce n’est qu’en 1947 qu’il ouvre ainsi son premier showroom à New Hope (Pennsylvanie). À cette période il ne fait que vendre des meubles de Knoll International, Herman Miller et les créations d’Isamu Noguchi (1904-1988), notamment ses célèbres Akari. Plus antiquaire que créateur, la présence capitale à New Hope de George Nakashima va faire basculer la vie de Phillip Lloyd Powell : le maître encourage le poulain à créer ses propres meubles.
Il s’associe au designer Paul Evans (1931-1987) entre 1950 et 1966, donnant lieu à une riche émulation entre les deux créateurs. Leur amour commun des matériaux et leur passion partagée pour le travail de la main a donné lieu à une collaboration fructueuse. Il disait ainsi : « Paul m’a aidé à affiner mes bases en design grâce à sa formation en art et en échange j’ai transformé son art en mobilier. »
Phillip Lloyd Powell voyage, notamment en Europe, où le Modernisme bat son plein et duquel il tire nombre d’enseignements. iI appréhende ainsi le mobilier avec une grande sensibilité et mélange un modernisme épuré à des formes organiques. Ses créations sont toutes parfaitement lisibles et fonctionnelles. Son design se manifeste par une sculpturalité élégante, des lignes sinueuses et une rigueur d’exécution. Une sensualité particulière se dégage de ses œuvres, venant du bois lui-même et de son traitement, rappelant les formes naturelles. À une époque où le minimalisme scandinave était à la mode, il opte pour une approche plus naturaliste. Il disait ainsi : « je suis un artiste travaillant sur des meubles. »
Phillip Lloyd Powell fait le choix de ne pas s’investir dans le business des meubles industriels : il continue de créer dans sa ville natale de New Hope jusqu’à sa mort en 2008, de façon raisonnée, sur commande ou en petite production en faisant aujourd’hui des raretés. Des musées importants comptent ses œuvres dans leur collection, de l’American House de New York au Museum of the Philadelphia Civic Center.