1925-2013,
France
Joseph-André Motte est un designer français, surnommé le « designer des Trente Glorieuses » : il est l’une des figures de proue de la Modernité et s’illustre aussi bien dans les espaces privés que dans les réalisations publiques d’envergure.
Sorti major de sa promotion à l’École des Arts Appliqués à l’Industrie de Paris en 1948, il s’est formé auprès de grands noms du domaine comme René Gabriel (1899-1950), Louis Sognot (1892-1970) ou encore Albert Guénot (1894-1993). En tant qu’homme de réseau et de partage, le début de son activité personnelle est marqué par le collectif. En effet, il fonde en 1954 l’Atelier de Recherche Plastique (ARP) avec Pierre Guariche (1926-1955) et Michel Mortier (1925-2015), puis le Groupe 4 avec René-Jean Caillette (1919-2004), Geneviève Dangles (née en 1929) et Alain Richard (1926-2017).
Joseph-André Motte s’illustre rapidement dans le domaine de l’architecture d’intérieur et du mobilier. Avec ses aménagements ingénieux, ses stands au Salon des arts ménagers sont toujours un franc succès : l’historien de l’art Patrick Favardin (1951-2016) écrit d’ailleurs de sa chambre de jeune fille présentée à l’édition de 1961 et éditée par Charron que les « volumes ont l’élégance d’assurer leur fonction tout en se faisant oublier ».
Son design ergonomique est parfaitement conçu : un article de La Maison Française datant de 1964 souligne ainsi qu’il conçoit avec « rigueur et souci d’une qualité décorative bien adaptée aux nécessités de la vie actuelle ». De ses créations épurées à l’apparente rationalité se dégagent une harmonie raffinée tendant à l’universel. Il réinterprète les formes classiques grâce aux techniques modernes et à des matériaux simples aux premiers rangs desquels le bois, le Formica ou encore le rotin qu’il manie avec brio notamment dans son fauteuil « Catherine » ou son ensemble « Chistera ».
Ses partenariats avec de nombreux éditeurs de renom, comme Steiner, Hucher-Minvielle, Rougier, ou encore Disderot, sont les marqueurs de sa réussite et de son importance dans le milieu de la décoration contemporaine. Il participe également à des projets prestigieux avec le Mobilier National et assoit sa réputation dans le domaine public.
En effet, il est reconnu comme l’un des designers de collectivités les plus importants, en charge de l’ameublement et de l’équipement de chantiers majeurs, aux premiers rangs desquels le métro parisien dès 1973, pour lequel il crée les célèbres sièges-coques colorés et les carreaux blancs biseautés. Parmi ses réalisations, il faut ainsi mentionner l’aménagement de l’aéroport d’Orly avec ses canapés et fauteuils géométriques (1958-1961) au côté de l’architecte Paul Andreu (1938-2018), la gare maritime du Havre (1963-1964) ou encore la préfecture du Val-D’Oise à Cergy-Pontoise (1970).
Il se retire progressivement du devant de la scène et se consacre à la transmission de son savoir pour former des générations de designers grâce à ses postes de professeurs au sein de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs (Ensad), de l’École Boulle et de l’École Camondo. Décoré de la plus haute distinction décernée par le Ministère des Affaires Culturelles en France, il est Commandeur des Arts et des Lettres, et laisse une empreinte essentielle dans le paysage français et mondial.
Exigeant, beau et utile sont les maîtres mots du design de Joseph-André Motte : il dit ainsi que « les merveilles de demain naîtront de l’alliance de la fonction, de la structure et de la forme. » Bien que peu connu du grand public, sa personnalité est primordiale dans le monde de l’ameublement. Ses créations sont rigoureuses et ergonomiques, parfaitement révélatrices de la seconde génération de designers de l’après-guerre, aux côtés de Jacqueline (née en 1932) & Philippon Lecoq (1930-1995) ou encore Jacques Dumond (1906-1991).