Isamu Noguchi

1904-1988, 

États-Unis

Isamu Noguchi est un artiste américain d’ascendance japonaise. Sculpteur avant tout, il œuvre aussi dans les mondes du design, des jardins et de la scénographie : polymorphe, artistiquement et personnellement, il représente, selon ses propres mots, « la fusion de deux mondes, l’Est et l’Ouest [et espère refléter] plus que les deux. »

Les débuts d’un artiste en quête d’identité

Né à Los Angeles d’un père japonais, le poète Yonejiro Noguchi (1875–1947), et d’une mère américaine, la journaliste Leonie Gilmour (1873–1933), son enfance est tout autant marquée par l’absence de son père que par ses premières années au Japon entre 1907 et 1918. Alors que sa mère le renvoie seul aux États-Unis, il commence des études de médecine à l’Université de Colombia (New York) et suit des cours du soir de sculpture en parallèle à la Leonardo Da Vinci Art School ; c’est ce chemin qu’il décide finalement de suivre. L’exposition de Constantin Brâncuși (1876-1957) en 1926 à la Brummer Gallery organisée par Marcel Duchamp (1887-1968) le transfigure : grâce à une bourse de la John Simon Guggenheim Memorial Foundation, il part à Paris, devient son assistant et plus jamais ne quitte l’abstraction. 

Un sculpteur polymorphe 

Il délaisse l’académisme mimétique au profit de formes réduites : il entre ainsi de plein fouet dans la Modernité avec ses sculptures organiques et géométriques, teintées de lyrisme, de poésie et d’émotions. Loin de se cantonner au simple domaine de la sculpture, il s’illustre dans d’autres champs créatifs mais un fil d’Ariane demeure, l’environnement. En effet, Isamu Noguchi pense toujours ses œuvres en fonction de l’espace : dans ses projets de costumes et de scénographies pour Martha Graham (1894–1991) comme dans « Frontier » en 1935, ses pesantes sculptures comme « Awa Odori » de 1982, ses terrains de jeu innovants comme celui du Piedmont Park d’Atlanta en 1975-1976 (Géorgie, États-Unis) mais aussi ses meubles comme la série « Rudder » pour Herman Miller de 1944, tout est question d’abstraction sculpturale intense, de dimension sociale et de l’impact de chaque objet sur ses alentours. 

Akari, sculptures lumineuses et sociales

Akari est sans nul doute son œuvre la plus personnelle. Si au premier abord elles peuvent être appréhender comme des lampes, elles sont aussi des sculptures, faisant partie du vaste langage que crée Isamu Noguchi pour se reconnecter avec le pays du père qui l’a abandonné, le Japon. Créé à partir de 1951 suite à la commande du maire de Gifu pour redynamiser le marché des chochin alors en berne, Isamu Noguchi passe le reste de sa vie à créer plus de deux cents Akari, en étroite collaboration avec les artisans d’Ozeki, jouant sur les formes et les tailles. Distribuées dans le monde entier, elles sont un succès considérable, un parfait mélange de tradition et de modernité, une ode à ses origines, une tentative de reconnecter avec la terre de ses ancêtres. 

Isamu Noguchi est sans nul doute l’un des artistes les plus importants du XXe siècle. Avec ses sculptures sociales, il voulait avoir un impact sur la vie quotidienne, fidèle à la philosophie japonaise considérant à absolue égalité un bol de thé et un coup de pinceau, une lampe et une sculpture. Multi-culturel – et souvent incompris selon ses propres mots -, Isamu Noguchi a décidé de construire son propre musée, de son vivant : le Noguchi Museum, à New York, est encore aujourd’hui un havre de paix, l’écrin mérité pour ses œuvres.

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