1901-1969,
Japon
Junzo Sakakura (坂倉準三) est un architecte et designer japonais. Représentant du Mouvement Moderne, son nom est connu et reconnu à l’international : le Museum of Modern Art de Kamakura au Japon, qu’il a réalisé entre 1950 et 1951, lui a ainsi consacré une exposition rétrospective en 2019 montrant les apports capitaux qu’il a fait à l’architecture japonaise et mondiale.
Après des études d’histoire de l’art à l’Université Impériale de Tokyo (Tokyo Imperial University, aujourd’hui renommée University of Tokyo), il décide de partir à Paris, l’un des berceaux de la Modernité. Dès son arrivé en 1931, il entre dans la prestigieuse agence de le Corbusier (1887-1965). Cette expérience le marque profondément : resté pas moins de huit années auprès du maître et de ses équipes, il se concentre sur la dimension sociale de l’architecture et les besoins humains au sein de grands ensembles.
Lors de sa présence dans la capitale française, il signe le Pavillon japonais de l’Exposition Universelle de 1937 pour lequel il est récompensé d’un Grand Prix. Ce bâtiment est un jalon primordial dans l’œuvre de Junzo Sakakura, portant déjà les traceurs de ce qu’il défendra toute sa vie : une juste harmonie entre la tradition japonaise et les vents de la Modernité. Dans l’ouvrage de référence sur l’architecte japonais, édité chez Kajimashuppankai (Tokyo) en 2019, sa collaboratrice et amie Charlotte Perriand (1903-1999) écrit ainsi de lui : « Saka était un batailleur, toute sa vie il a lutté pour réaliser ses idées, ses idéaux. […] Saka s’est toujours voulu comme architecte chargé de construire son temps, mais il n’a pas divorcé d’avec ses traditions – Ce qui a fait sa qualité, sa force, et mon admiration. »
À son retour de France en 1939, il fonde son propre cabinet d’architecture au Japon. Sa carrière se développe alors rapidement et après la Seconde Guerre Mondiale, il signe des bâtiments devenus aujourd’hui iconiques. Le grand stade d’Osaka de 1950 est une référence en matière de bâtiments sportifs et la Maison Internationale du Japon à Tokyo qu’il réalise en 1955 s’impose par ses lignes grandioses.
Il s’illustre dans l’architecture muséale, tout d’abord en remportant le concours pour réaliser le premier musée public d’art moderne du Japon situé à Kamakura. Par son implantation, ses jardins et ses matériaux, ce musée est un vibrant hommage aux traditions japonaises et un condensé de modernité par ses lignes. Une filiation évidente peut s’établir avec les œuvres de Le Corbusier, notamment avec ses pilotis reposant sur des pierres flottant sur l’eau. Il signe aussi en collaboration avec son mentor le Musée National de l’Art Occidental de Tokyo en 1959 suivant les mêmes principes théoriques et matériels.
Alors que toute son œuvre est traversée par une omniprésence des dimensions sociale et humaine, il n’est pas étonnant que son mobilier porte les mêmes idéaux. Il s’est employé à dessiné un nombre limité de modèles dont il fera de nombreuses variations afin de sans cesse les améliorer. Il apporte une attention particulière au travail du bois : d’une grande justesse, son design se caractérise par des assises basses et des lignes épurées.
Junzo Sakakura est marquée par ses premières années de formation dans l’agence de Le Corbusier. Proche de Charlotte Perriand qu’il fera venir au Japon, son architecture et son design sont marqués par une grande attention portée à la forme et la fonction, un précepte essentiel de la Modernité, qu’il adapte à l’esthétique japonaise.